Absurde ? Un interprète ne peut pas être muet puisqu’il travaille en parlant… En fait, pourtant il doit garder le silence après sa mission…
Ce qui est passé par le traducteur reste avec le traducteur….
Cela veut dire que le respect de la confidentialité absolue constitue une règle fondamentale pour tous les traducteurs et interprètes professionnels. En effet, dans l’exercice de ses missions, le traducteur prend la connaissance des secrets de ses clients. Ces secrets varient en fonction de la mission, il peut s’agir des secrets commerciaux et industriels, il peut s’agir aussi bien des secrets de l’investigation et de l’instruction ou des procédures judiciaires, mais un interprète peut également être confronté à des secrets tout à fait personnels, lorsqu’il accompagne un client chez un médecin ou chez un avocat. Il faut préciser que les informations confiées à l’interprète sont souvent couvertes par d’autres secrets professionnels, comme par exemple celui du médecin, de l’avocat, du journaliste ou de l’expert comptable.
Le respect de confidentialité est d’une importance vitale pour nos clients qui doivent nous faire confiance et être certains qu’aucune des informations qu’ils nous confient ne sera divulguée. Il est intéressant de noter que ce principe s’applique également si la mission de traduction ou d’interprétariat n’a pas été réalisée. Ainsi, lorsqu’un client envoie des documents au traducteur pour évaluation, même si, pour une raison quelconque, la mission n’est pas confirmée, le traducteur est tenu de garder confidentiel le contenu des documents qui lui ont été envoyés.
Les traducteurs professionnels sont très attentifs au devoir de confidentialité et veillent à ne pas rendre publiques les informations secrètes et à ne pas les divulguer à des personnes non autorisées. Par conséquent, il leur est souvent impossible de partager publiquement leurs succès professionnels, de parler des missions réalisées par exemple lors d’une médiation ou des négociations commerciales suivies par un client ou des procédures judiciaires. D’après mon expérience, je peux dire que la majorité de mes missions les plus intéressantes sont celles dont je ne peux pas parler….
Il peut être utile de savoir qu’un traducteur assermenté ne peut être délié du secret professionnel que dans le cadre d’une procédure pénale. Les dispositions régissant la procédure civile ne prévoient pas cette possibilité. En résumé, il revient au traducteur assermentée de décider si répondre aux questions du juge si cela implique une violation du secret professionnel.
L’interprète doit-il donc accepter de témoigner dans une procédure civile si c’est à lui de décider ? À mon avis, absolument pas. Même si c’est le client de l’interprète qui lui demande de témoigner, l’interprète doit refuser. Le risque de perdre le client, bien que très probable, est néanmoins moindre que la perte de crédibilité et d’image du traducteur qui est certaine. Nos clients, mais aussi leurs partenaires, doivent avoir la certitude de pouvoir compter sur notre silence.
La situation change en cas de procédure pénale, car le procureur et le juge peuvent délier un traducteur assermenté du secret professionnel. Toutefois, il faut savoir que, conformément au principe du double degré de juridiction, une telle décision est attaquable et que, par conséquent, si elle est prise, nous pouvons d’abord demander un exposé écrit des motifs et, dès sa réception, nous disposons de sept jours pour faire appel, qui sera ensuite examiné par le juge. C’est également à ce moment-là qu’il faut consulter un avocat. Je sais par expérience que si nous arrivons à cette situation, l’appui d’un bon avocat sera la meilleure solution pour protéger nos intérêts.
Enfin, nous, les interprètes, sommes par nature de mauvais témoins, car nous avons une très bonne mémoire à court terme et une très mauvaise mémoire à long terme. Notre esprit doit élaborer les énormes quantités d’informations pour ensuite les supprimer puisqu’elles ne nous servent plus. Le plus souvent, le lendemain de l’interprétation, je ne me souviens plus des détails, et quelques mois (voire quelques années dans des cas extrêmes) plus tard, lorsque je devrai peut-être témoigner, il est possible que je ne me souvienne pas du tout d’avoir traduit les informations qui me seront demandées.
En résumé, maintenons la confidentialité absolue des informations que nous traduisons et n’acceptons pas de les divulguer à quiconque. Cela reste dans l’intérêt de tous.